Après un excellent dîner dans un restaurant de New Caney au Texas, Betty Cash, Vickie Landrum et son petit-fils Colby prennent leur voiture pour rentrer à la maison. Il fait frais en cette nuit du 29 décembre 1980. Ils empruntent une route isolée en direction des faubourgs de Houston. Brusquement, au détour d'un virage, le jeune Colby, âgé de 7 ans, commence à s'agiter en désignant un point lumineux dans le ciel. Surprises, les deux femmes regardent à leur tour et aperçoivent un point lumineux qui se rapproche pour finalement prendre l'apparence d'un vaisseau en forme de losange. L'ovni descend à hauteur des arbres à la verticale de la route. Un cône de feu émerge du vaisseau et bloque le passage. Ce cône évoque la queue d'une fusée s'arrachant au sol terrestre pour gagner l'espace.
LUMIÈRE AVEUGLANTE
La lumière émanant du mystérieux objet -qui n'est plus maintenant qu'à une soixantaine de mètres- est si brillante qu'elle en éclaire la forêt aux alentours. Betty Cash arrête la voiture; les trois occupants en descendent rapidement. À l'extérieur, ils éprouvent une incroyable sensation de chaleur. Effrayée, Vickie Landrum remonte en voiture avec Colby, tandis que Betty continue à fixer l'objet brillant, sans prêter attention à la chaleur intense qui lui brûle la peau, ni à la lumière qui lui blesse les yeux.
Il faudra que l'objet s'éloigne pour que Betty réponde aux supplications de Vickie et remonte en voiture. Mais en ouvrant la portière, elle se brûle la main sur la poignée chauffée à blanc. Soudainement, tandis qu'ils observent le vaisseau qui s'éloigne dans la nuit, une vingtaine d'hélicoptères noirs pénètrent dans leur champ de vision: des Chinook CH-45 à deux rotors, comme cela fut révélé plus tard. Les hélicoptères semblent poursuivre ou escorter l'étrange vaisseau. Cash et Landrum suivent encore la route sur environ 2 km.
Mais lorsqu'ils croisent la route nationale, ils déci- dent de suivre cette direction; c'est celle qu'ont également empruntée le vaisseau non identifié et la flotte d'hélicoptères noirs. Soudain, l'un d'entre eux passe juste au-dessus du capot de la voiture dans un bruit assourdissant. Elles bifurquent finalement en direction de Dayton, leur lieu de résidence, laissant l'étrange escorte derrière elles...
DE MULTIPLES TÉMOINS
Abasourdis et désemparés, les trois témoins commencent à réaliser qu'ils détiennent des preuves réelles démontrant que ce qu'ils ont observé n'est pas une simple hallucination. Les faits sont tout d'abord corroborés par d'autres habitants de la banlieue de Houston, qui prétendent avoir aperçu, lors de cette même nuit du 29 décembre, des lumières brillantes et un ballet d'hélicoptères dans le ciel. Puis, au cours des jours et des semaines qui suivent, Cash et Landrum se rendent compte qu'elles ont subi des traumatismes qui ne peuvent résulter que de leur étrange rencontre.
SYMPTÔMES INEXPLICABLES
Au cours des trois jours qui suivent l'incident, l'état de Betty Cash se détériore si vite qu'elle est admise aux urgences dans un hôpital des environs. Les premiers symptômes sont des brûlures. Mais lors de son séjour, Betty ne confiera à per- sonne sa rencontre avec l'ovni, si bien que pour le personnel médical elle sera considérée comme une victime de brûlures classiques. Elle souffre aussi de vomissements et de diarrhées, et surtout de graves troubles de la vue -ses yeux sont si enflés qu'elle reste aveugle pendant une semaine. Des cloques se forment sur son cuir chevelu; elle perd ses cheveux...
Vickie Landrum et son petit-fils sont sujets à des symptômes similaires, mais à un degré moindre. Tous les deux ont les yeux enflés, la peau couverte de «coups de soleil». À cela ajoutons -comme pour Cash- vomissements et diarrhées.
Au bout de quelques mois, Cash et Landrum font appel à Peter Gersten. Cet avocat s'était déjà illustré dans plusieurs affaires d'ovnis, où il avait démontré que le gouvernement américain avait des «responsabilités». La thèse de l'accusation sera la suivante: le vaisseau aperçu par Cash et Landrum ne serait pas d'origine extraterrestre, mais appartiendrait à l'US Air Force. Elles intentaient donc un procès au gouvernement américain; et Gersten d'exiger au nom de ses clientes des dommages et intérêts d'un montant de... 20 millions de dollars au titre des préjudices subis (frais d'hôpital, soins médicaux, etc.).
CASH-LANDRUM VERSUS US AIR FORCE
Mais cette action en justice s'avéra longue, exténuante... et finalement inutile. Les représentants de tous les organes officiels démontrèrent l'absence d'implication de l'armée américaine, quel que soit le scénario envisagé. Mais le plus incroyable, c'est qu'en dépit de la plainte de Cash-Landrum, aucune enquête officielle n'a jamais eu lieu.
Le procès se tint en 1986, et les plaignants furent déboutés, parce qu'ils ne purent apporter la preuve que «l'ovni» appartenait au gouverne- ment américain. Depuis, l'affaire s'est perdue dans les méandres des administrations de l'armée et de la justice. Ce fiasco juridique eut pour effet de discréditer Cash et Landrum aux yeux de l'opinion publique. Pourtant Betty et Vickie avaient bien vu -et sur- tout éprouvé- quelque chose... de quoi s'agissait-il donc?
HYPOTHESES EN BATAILLE
Au sein de la communauté des ufologues, plusieurs opinions ont cours, reflétant globalement les différentes interprétations relatives aux vaisseaux volants non identifiés en général. Certains pensent que Cash et Landrum ont observé un vaisseau ultrasecret de l'armée américaine fonctionnant à l'énergie nucléaire. Pour d'autres comme Stanton Friedman, les deux femmes et le petit Colby auront assisté au passage d'un vais- seau spatial militaire, construit grâce aux connaissances acquises par les scientifiques américains suite à l'étude des épaves d'ovnis extraterrestres. C'est la thèse connue sous le nom de «technologie à rebours».
Enfin, certains sont convaincus que les trois témoins texans ont assisté à l'une des nombreuses manœuvres organisées dans le cadre d'une collaboration ultrasecrète entre le gouvernement américain et une force d'invasion extraterrestre. Néanmoins, la plupart des spécialistes s'accordent sur le fait que la présence des hélicoptères répondait au souci de boucler le périmètre au cas où le mystérieux vaisseau aurait été obligé d'atterrir pour une raison quelconque.
LA VERSION SCHUESSLER
John Schuessler, ingénieur en aérospatiale chez Boeing à Houston, a consacré plusieurs années à enquêter sur l'affaire Cash-Landrum. Il en est sorti un ouvrage (malheureusement non traduit en français), dans lequel l'auteur propose une hypothèse originale. D'après lui, les hélicoptères appartenaient à des unités militaires basées à Fort Hood (Waco, Texas) ou bien provenaient d'un porte-avions ancré dans le golfe du Mexique. La flotte de Chinook CH-45 ne faisait que sur- veiller l'ovni.
Les extraterrestres seraient en grand nombre sur Terre. Et si le gouvernement américain est bien en contact avec eux, il ne peut pas les empêcher d'aller et venir à leur guise sur notre planète. Les extraterrestres ne sont pas ici pour nous détruire, mais pour exploiter nos ressources. Les Américains ne peuvent pas faire grand- chose... à part surveiller leurs sorties et compiler des statistiques. Ce compromis forcé servirait de toile de fond à l'affaire
Cash-Landrum. Pour étayer sa thèse, l'ancien ingénieur en aérospatiale a tenté de joindre des responsables du gouvernement américain... en vain. Finalement un pilote d'hélicoptère se présenta à Schuessler pour lui donner des détails sur ce qui s'était passé cette nuit- là... mais ensuite il se rétracta. «Manifestement, ses supérieurs lui ont ordonné de se taire », explique-t-il.
Tout au long de son livre, Schuessler veut nous convaincre qu'il est de la responsabilité du gouvernement de tenir le public informé des données secrètes qu'il détient, mais aussi d'admettre qu'il est impuissant face aux intrus extraterrestres. D'autre part, il lui revient aussi de rembourser les personnes qu'il n'a pas réussi à protéger... au nombre desquelles on peut compter bien sûr Betty Cash, Vickie Landrum et le petit Colby. Il en tire la sinistre conclusion que, si le gouverne- ment américain refuse de s'acquitter de ses devoirs élémentaires, c'est pour ne pas avoir à révéler son incapacité à maîtriser la situation...
VIES BRISÉES
Betty Cash et Vickie Landrum luttent toujours pour refaire leurs vies. Cash, âgée maintenant de 68 ans, s'est retirée dans sa famille en Alabama, après avoir passé des années à errer d'un endroit à un autre, cherchant un lieu où elle se sentirait chez elle. Durant tout ce temps, elle a connu de nombreux problèmes médicaux: elle développa un cancer du sein - provoqué, elle en est certaine, par sa rencontre en 1980. Dernièrement, elle a subi une crise cardiaque qui faillit lui être fatale. Ces problèmes de santé, ajoutés aux attaques de la presse, ont presque détruit sa vie.
Vickie Landrum, âgée maintenant de 74 ans, souffre pareillement de problèmes médicaux depuis la nuit fatidique. Tout comme Cash, elle a erré d'un endroit à l'autre pendant des années et vit de manière recluse. Personne ne sait où elle vit actuellement.
Colby est l'exception qui confirme la règle; le petit-fils de Landrum, âgé aujourd'hui de 23 ans, dispose d'une bonne situation à Houston au Texas et jouit d'une santé parfaite. Mais même lui -pourtant relativement peu traumatisé par l'incident- refuse d'évoquer cette expérience depuis des années.
Selon I'ufologue Sue Pitts, tous ceux qui ont rencontré des ovnis sont blessés à la fois sur le plan affectif et physique... Pitts raconte ainsi l'histoire de Jeff Greenhaw, qui photographia un extraterrestre en 1973. «Les gens pensaient qu'il avait été victime d'un canular ou bien qu'il men- tait. Il perdit son travail. Sa femme demanda le divorce. Pendant des années il vécut isolé en Alabama, refusant toute interview. » Tel fut le sort de Betty Cash et Vickie Landrum, pour qui le contact avec des êtres d'un autre monde ne valut ici-bas que mépris, isolement et souffrances... |