"Je roulai prudemment le long d'une piste pleine d'ornières et traversai un village de l'état de Puebla, dans le centre du Mexique. Dans mon Devon natal, il y a de nombreux chemins abandonnés, plein de nids-de-poule et érodés par des générations successives de tracteurs. Je me retrouvai sur une route semblable, mais celle-ci était la rue principale d'un village. L'impression de pauvreté extrême s'accentua petit à petit au cours de mon voyage - j'aperçus quelques chiens morts sur le bord de la route et, sur un petit chemin, je vis même ce qui ressemblait fort à un égout à ciel ouvert. Dans la voiture,se trouvaient également mon ami et collègue Graham Inglis et une vétérinaire du coin, Soledad de la Peña. Nous nous dirigions vers la petite exploitation d'un fermier nommé Dom Pedro. En juillet 1996, Dom Pedro avait fait venir Soledad après que trois de ses moutons furent attaqués par un mystérieux prédateur. Nous voulions en savoir
plus sur cette histoire.
Dom Pedro vint à notre rencontre dans la cour de la ferme. Je lui demandai immédiatement quelle était la signification des immenses croix blanches barbouillées sur plusieurs bâtiments du village. Malgré mon espagnol assez épouvantable, je compris de quoi il s'agissait quand il me dit qu'elles servaient «por protectione de vampiros». Pour la plupart des habitants de cette région du globe, les «vampiros» ne font qu'un avec les Chupacabras, ces mystérieuses créatures qui seraient responsables de toute une série d'horribles mutilations sur des animaux dans l'Amérique entière.
DES ATTAQUES MYSTÉRIEUSES
On a traité en profondeur les débuts de l'histoire de ces êtres -que l'on a associé tantôt aux ovnis, tantôt à un obscur folklore local, ou encore à des expériences génétiques de la CIA. Mais, pour une raison inconnue, la presse classique ou celle spécialisée dans le paranormal a négligé les attaques les plus récentes. Graham et moi-même pensions qu'il fallait réparer cet oubli.
Pourquoi ne pas commencer par Dom Pedro? Le cas était alors particulièrement intéressant car, contrairement à l'habitude, l'un des trois moutons avait survécu quelque temps à l'attaque des Chupacabras. Soledad nous dit, qu'en 1996, elle était arrivée chez Dom Pedro environ 12 heures après l'attaque. Ce qu'elle y trouva était si choquant et si troublant que si nous n'avions pas vu la vidéo où elle examinait les malheureuses bêtes, nous aurions eu beaucoup de mal à la croire.
VIDÉES DE LEUR SANG
La vidéo montre ainsi Soledad enfonçant sa main, recouverte d'un gant de chirurgien, dans un trou énorme du thorax de l'un des moutons et atteignant la cavité thoracique. Quand elle retire sa main, le gant n'est tâché que de quelques minus- cules gouttes de sang. En racontant cet épisode, elle nous dit d'une voix tremblante que le mouton avait été entièrement vidé de son sang.
Elle remarqua deux trous dans le corps de l'animal -dont un vraisemblablement percé à travers les os de la cage thoracique- et également que certains organes internes manquaient. L'animal était malgré tout vivant. Elle me dit qu'elle ne pouvait pas l'expliquer, du moins pas dans le cadre des connaissances actuelles en physiologie. En tant que zoologue avec une formation d'infirmier, j'ai des connaissances assez correctes en anatomie et en physiologie à la fois humaine et animale, et je n'ai trouvé aucune explication médicale plausible à ces faits.
Avant de quitter Dom Pedro, je lui ai demandé quelle était l'opinion de l'église locale sur ces attaques. J'avais supposé que c'était le prêtre de la paroisse qui avait conseillé aux villageois de peindre les croix sur les murs du village. Mais d'après Dom Pedro, les villageois avaient pris cette décision tout seuls. L'Église avait catégoriquement refusé de s'en mêler.
Quelques jours plus tard, nous nous trouvions dans le village de Tlaloxitcan pour enquêter sur une autre série d'attaques. Tout à fait par hasard, ces agressions avaient eu lieu la même nuit que celles dans la ferme de Dom Pedro, 170 kilomètres plus au sud. Là, nous avons parlé à Juan, un vieil ouvrier agricole, qui nous a fourni une description imagée des attaques. Il nous apprit que dix maisonnées du village avaient subi des agressions, apparemment simultanées.
UNE VISITE DES EXTRATERRESTRES ?
En début de soirée de cette triste nuit d'horreur, quelques villageois disent avoir vu des lueurs étranges dans le ciel. Puis, aux environs de minuit, les habitants de dix maisons ont été réveillés par les clameurs de leurs chèvres ou de leurs mou- tons. Un prédateur inconnu était en train de les attaquer. Après enquête, on découvrit que trente bêtes (trois dans chaque maisonnée) avaient été agressées et complètement vidées de leur sang. Mais, à la différence des attaques sur lesquelles Graham et moi avions déjà enquêté et où il n'y avait pratiquement aucune trace de sang, dans ce cas-là, le sang des victimes avait été abondamment répandu sur le sol.
Cette anomalie nous laissa d'abord perplexes, jusqu'à ce que nous réalisions qu'il existait une différence de taille entre le village où ces attaques avaient eu lieu et les autres endroits où les Chupacabras avaient sévi : c'était un village indien alors que les autres villages étaient peuplés par des descendants des conquistadors espagnols.
Dans mon livre « Only Fools and Goat-suckers -The Search for the Chupacabras» («A la recherche du Chupacabras, suceur de sang», non traduit en français), qui est le récit de notre expédition et de nos péripéties dans ces pays, j'émets l'hypothèse que cette anomalie a vraiment une importance capitale pour quiconque essaie de découvrir la vérité derrière les récits sur les Chupacabras. Je pense que ce phénomène reflète en quelque sorte l'environnement religieux des personnes sujettes à ces terribles attaques.
Dans une région à prédominance catholique, imprégnée de l'esprit du sang du Christ consommé de façon rituelle au cours de la Communion, le sang des victimes du Chupacabras n'est pas répandu. Mais à Tlaloxitcan, peuplé par les nombreux descendants de ce qui fut le très puissant empire aztèque, le Chupacabras se conforme au modus operandi des ancêtres des villageois, qui offraient des sacrifices extrêmement sanglants à leur panthéon de divinités. Au cours de ces rituels, le sang des victimes sacrificielles était largement répandu sur le sol.
UNE FORCE DOUÉE D'INTELLIGENCE ?
La question reste ouverte mais cela semble vouloir dire qu'il y a une force intelligente derrière les agressions des Chupacabras. Plus nous avons étudié de cas, plus nous en sommes ainsi arrivés à la conclusion qu'il y a effectivement une corrélation tout à fait envisageable entre les attaques des Chupacabras et le déclenchement d'activité Ovni. Mais la nature exacte du Chupacabras demeure pour l'instant toujours mystérieuse.
Ce qui complique les choses, c'est la diversité des rapports des témoins. Ils décrivent des créatures de morphologies très différentes qui ont toutes été, à un moment ou à un autre, considérées comme le «vrai» Chupacabras. Ces descriptions vont de l'animal très proche du singe à l'étrange créature ailée, en passant par le chat volant et le kangourou au dos orné d'une rangée de piquants. Il existe également de très curieuses photos de soi-disant Chupacabras. Mais leur authenticité n'a jamais été prouvée et, dans un cas au moins, il s'est avéré que l'animal n'avait strictement rien à voir avec la créature dont on recherche sérieusement des preuves concrètes. L'histoire accompagnant cette photo particulière est parue dans le Dequincey News, le 25 septembre 1996. Sous le simple titre «Qu'est- ce que c'est?», on trouvait l'histoire de Barbara Mullins qui avait pris en photo un animal apparemment tué par une voiture, sur la petite route de Pearce, à l'est de Temple-inland, en Louisiane aux États-Unis.
Sur la photographie, on peut voir une créature étrange, à la fourrure épaisse et laineuse. Selon Mullins, elle aurait la taille d'un gros chien. L'animal avait aussi l'apparence générale d'un chien, sauf pour la tête qui s'apparentait, toujours selon Mullins, à celle d'un babouin. S'agissait-il seulement d'un gros chien ou d'un animal non-identifié qui pourrait enfin fournir un indice quant au mystère du Chupacabras?
L'ANALYSE DES PHOTOS
C'est au mois d'octobre 1998, que Loren Coleman, un enquêteur vétéran américain, mit sur le réseau Internet un message concernant cette photo. Il affirmait que l'analyse de cette photographie par les étudiants d'une école vétérinaire américaine avait prouve qu'il s'agissait bien d'un chien. «Le canidé a des ongles manucures plus que des griffes, il a des petites pattes et non des palmures, comme s'il s'agissait d'un beau chien de concours. On dirait qu'il a été récemment toiletté. En effet, son museau et ses pattes sont rasés,comme on le fait pour les caniches ou les loulous»
de Poméranie. »
Malgré cette conclusion extrêmement décevante, le mystère du Chupacabras demeure entier. Nous avons rencontré dans nos divers voyages des dizaines de personnes affirmant que leurs troupeaux avaient subi des agressions. Et pendant que des enquêteurs américains et européens insensibles moquent la «crédulité» des superstitieux habitants du «tiers-monde», les paysans d'Amérique centrale et d'Amérique du sud continuent, presque toutes les nuits, de perdre leurs troupeaux et leur gagne-pain. |