Dans les Chroniques, un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale signé de l'archevêque de Lyon Agobard (779-840),
on trouve la description de scènes dignes d'un véritable scénario de science-fiction contemporain : Agobard raconte comment sa cité fut soudainement envahie en l'an 800 par «des créatures voguant sur des navires aériens ». La population pensa immédiatement qu'il s'agissait là des « tempestaires », une armée envoyée par leur voisin Grimoald du pays de Magonie, afin d'abîmer les récoltes par les bruits et les vibrations extraordinaires de ses vaisseaux.
C'est donc en toute bonne foi que les Lyonnais firent subir les pires supplices aux « aériens » qu'ils interceptèrent à la descente de leurs engins. Après quoi, ils les clouèrent, vivants ou morts, sur des planches assemblées en forme de croix et les jetèrent dans le Rhône et la Saône. Le but de ces étranges sacrifices était d'en faire des exemples pour qu'ils soient vus de leurs coreligionnaires restés dans les airs et que ce châtiment collectif soit suffisamment dissuasif. Ce fut bien le cas, car, au bout de quelques jours de massacre d'un grand nombre de ces étranges conducteurs d'aéronefs, l'invasion cessa.
Comme le mentionne Agobard, «ces gens ne comprenaient absolument rien à notre langage. Lorsqu'on leur demandait, sous la torture ou les coups, s'ils étaient sorciers, ils acquiesçaient d'un hochement de tête quel que soit le ton avec lequel on leur parlait. Par une fatalité inconcevable, ces malheureux poussaient la folie jusqu'à convenir qu'ils étaient sorciers ».
Dubitatif car il sentait que cette incompréhension de tout langage et cette différence de caractéristiques physiques cachaient quelque chose de plus irrationnel qu'une simple attaque de voisins gourmands aux visées expansionnistes, l'archevêque usa de son influence pour faire libérer « trois hommes et une femme », capturés à la sortie de leur astronef. Pendant ce temps, Charlemagne émit des édits interdisant de troubler les airs et d'engendrer des tempêtes « par des moyens magiques » ! Ces tempêtes n'étant perçues que comme des troubles atmosphériques systématiquement engendrés par la mouvance des fameuses machines volantes à leur approche du sol.
Des témoignages ont été fait à propos de l'agissement d'Agobard par l'abbé Mautfaucon de Villars, un texte modifié par Jacob Grimm (célébre écrivain de fables):
« Un jour — entre autres par exemple — il arriva qu'à Lyon on vit descendre de ces nacelles aériennes 3 hommes et 1 femme. La cité tout entière se rassembla autour d'eux, criant qu'ils étaient des magiciens envoyés par Grimaldus, duc de Berreventum, l'ennemi de Charlemagne, pour détruire les moissons françaises. En vain, les 4 innocents se défendirent en disant qu'ils étaient des leurs et avaient été emportés peu de temps auparavant par des hommes extraordinaires qui leur avaient montré des merveilles dont on n'a jamais entendu parler, et ils avaient désiré leur faire eux-mêmes le récit de ce qu'ils avaient vu. La populace déchaînée ne tint aucun compte de leur défense et était sur le point de les jeter dans le feu quand le valeureux Agobard, évêque de Lyon, qui ayant été moine dans cette ville, avait acquis une autorité considérable, alerté par le bruit, arriva en courant, et après avoir entendu les accusations des gens et la défense des accusés, déclara gravement que les uns et les autres étaient dans l'erreur, qu'il n'était pas vrai que ces hommes étaient tombés du ciel, et que ce qu'ils disaient avoir vu était impossible. Les gens crurent en la parole de leur bon père Agobard plus qu'en leur propres yeux, ils s'apaisèrent, remirent en liberté les 4 ambassadeurs des Sylphes, et reçurent, émerveillés, le livre qu'Agobard écrivit pour confirmer le jugement qu'il avait prononcé. Ainsi le témoignage de ces 4 témoins fut-il rendu inutile ».
Les Sylphes nommés dans l'articles sont des créatures imaginaires, elles prirent ces noms lors de la modification par les frères Grimms, mais les événements et personnages concordent avec l'arrivée des Chrestians.