Le 30 novembre 1987, à l'aube, sur Ilkley Moor, dans l'Ouest du Yorkshire, en Angleterre. Un ancien policier, Philip Spencer, s'apprête à prendre une photographie au village de lvlenston. Soudain ii aperçoit une «entité entourée d'une lumière verte» à une certaine distance devant lui. Ensuite, il ne se souvient plus de rien: il se réveille à Menston, étourdi et désorienté. Aussitôt, il fait développer sa pellicule. Sur l'une d'elles figure la fameuse «entité ». Désemparé, Spencer décide de s'adresser à un ufologue. Il tombe sur l'adresse de Jenny Randles, spécialiste dans ce domaine, à qui il écrit une lettre décrivant ce qui lui est arrivé. Celle-ci le met en rapport avec un autre chercheur, Peter Hough, qui suggère à Spencer de se soumettre à une enquête approfondie. Philip Spencer accepte de collaborer, et environ six semaines plus tard, il reçoit la visite inattendue de deux hommes qui prétendent être des agents des services de renseignement de la Royal Air Force. En lui montrant, rapidement et de loin, leurs laissez-passer officiels, ils déclinent leurs noms : Jefferson et Davis. Puis ils lui expliquent que leur mission consiste à récupérer la photographie que Spencer a prise à Ilkley Moor. Mais celui-ci a déjà remis la photo à Hough. Mécontents, les visiteurs repartent bredouilles. Comment ces étrangers connaissaient-ils l'existence de cette photographie? Spencer n'en avait parlé qu'à sa femme, à Peter Hough, à Jenny Randles et à Arthur Tomlinson, autre ufologue enquêtant sur cette affaire. Informé de la mésaventure de Spencer, Hough contacte les services de renseignement de la RoyalAir Force pour obtenir confirmation de l'identité des visiteurs. On lui répond que personne de ce nom n'existe et qu'aucun membre des services en question ne s'est rendu chez Spencer. Devant ces faits troublants,l'on étudie le phénomène de plus près, on constate qu'il existe deux types de visites d'Hommes en noir: en effet, si ceux-ci prétendent toujours posséder une identité humaine, dans certains cas, cette identité semble au premier abord plausible -
ce n'est qu'après vérification que l'on s'aperçoit que l'identité déclinée était fausse et que ces hommes ont une connaissance inexpliquée de certaines informations. Dans d'autres cas, au contraire, leurs apparitions foisonnent de détails
invraisemblables.
Une de ces affaires extraordinaires eut lieu après
l'enlèvement par des extraterrestres de deux
hommes en octobre 1975, alors que l'activité extra-
terrestre battait son plein dans l'État du Maine aux
États-Unis. Près d'un an après l'incident en ques-
tion, le 11 septembre 1976, le psychiatre enquêtant
sur l'affaire, le docteur Herbert Hopkins, travaillait
chez lui, seul, lorsqu'il reçut un appel téléphonique
d'un homme qui se présentait comme enquêteur
en matière d'ovnis. L'étranger demanda l'autorisa-
tion de rendre visite au psychiatre, et moins d'une
minute après l'appel téléphonique, il sonna à sa
porte. «Je n'ai pas vu de voiture, et même s'il avait
eu une voiture, il n'aurait absolument pas eu le
temps de venir chez moi aussi rapidement à partir
d'un téléphone public», fit remarquer le docteur
Hopkins. Le visiteur conseilla à Hopkins de détrui-
re la totalité de ses archives concernant l'affaire
d'enlèvement. Mais peu à peu, Hopkins remarqua
que la parole du visiteur devenait hésitante. L'hom-
me se leva soudain en tremblant et, parvenant avec
difficulté jusqu'à la porte, s'excusa en disant: » Ma
réserve d'énergie est presque épuisée... Il faut que
je parte.» C'est alors que le docteur Hopkins prit
conscience de l'aspect extrêmement étrange de son
visiteur. Il portait un costume noir d'une coupe très
démodée, mais qui semblait neuf. Totalement chauve, il n'avait pas de sourcils ni de cils et, détail encore plus étrange, il portait du rouge à lèvres.
L'expérience vécue par le docteur Hopkins
constitue l'un des récits les plus fiables et les plus
détaillés d'une visite d'Homme en noir. Pourtant,
bien des aspects semblent absurdes, voire surréalistes. On constate cependant que nombre de cas d'apparition d'Hommes en noir comportent des
détails de ce type. Cela semble indiquer que ces entités ne sont peut-être pas un phénomène physique, du moins au sens où nous l'entendons communément. Ces conclusions ont amené certains spécialistes à affirmer que les Hommes en noir
sont des extraterrestres. Mais une autre hypothèse est avancée, selon laquelle ces hommes étranges ne seraient autres que des agents officiels.
DES AGENTS OFFICIELS
Si l'on rassemble les informations que l'on possède sur les diverses apparitions d'Hommes en noir, on constate que les récits varient d'un cas à l'autre quant aux détails, mais on retrouve toujours la même trame. En général, les Hommes en noir se manifestent peu de temps après qu'un ovni ou une rencontre avec un extraterrestre a été signalé. Il s'agit soit d'une visite, soit d'un appel téléphonique à la personne qui a rencontré le phénomène extraterrestre, ou à une personne enquêtant sur l'affaire. Lorsqu'ils apparaissent, en général à deux ou à trois, ils sont vêtus de noir ou portent un uniforme militaire. Ils se déplacent souvent dans une voiture d'un modèle très ancien, mais paraissant neuve. Certains Hommes en noir présentent des papiers d'identité, mais ceux-ci s'avèrent toujours faux par la suite. Les Hommes en noir semblent toujours posséder des renseignements détaillés concernant la victime et l'expérience qu'elle a vécue, renseignements connus de la victime seule. Étant donné que la visite intervient la plupart du temps quelques heures seulement après l'incident de l'ovni, comment font-ils pour obtenir ces renseignements si rapidement? Selon certains ufologues, les seules personnes ayant accès à ce genre d'informations sont des mentale, fomentée par les services secrets et destinée à manipuler les témoins d'apparitions d'ovnis
et les enquêteurs. La principale faiblesse de cette théorie réside dans le fait que les vagues menaces proférées par les Hommes en noir ne sont jamais mises à exécution. En effet, ceux qui ont refusé de se conformer à leurs instructions n'ont jamais plus été inquiétés par la suite.
AVATARS DE L'IMAGERIE
POPULAIRE ?
D'autres personnalités cherchent une explication
psychologique au phénomène des Hommes en
noir. L'ufologue américain Alvin Lawson note que
toutes les personnes à l'allure étrange liées aux
affaires d'ovnis semblent correspondre aux arché-
types qui, selon le psychologue Carl Jung, sont
enfouis dans l'imagerie inconsciente de chacun.
En effet, de nombreux récits populaires évoquent
des hommes vêtus de noir qui, périodiquement,
sortent de leur monde souterrain pour rendre visi-
te aux vivants. Selon certains chercheurs, les
Hommes en noir ne sont que la version contem-
poraine de ces figures mythologiques. Mais dans
ce cas, quel est l'élément qui déclenche, dans
l'imagination de la victime, le processus lui don-
nant accès à ce réservoir d'images et lui permet-
tant de créer une séquence d'événements
étranges, toujours fondée sur le même schéma?
Pour Lawson, la véritable énigme n'est pas tant ce
que voit la victime, mais ce qui déclenche l'appa-
rition de ces images archétypales. Malheureuse-
ment, il n'a, jusqu'à présent, apporté aucune
réponse à cette énigme. |